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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 12:57

Abandonner c'est arrêter et apprendre à repartir

Merci aux bénévoles qui ont toujours été super souriants, énormément à notre écoute et plein de bonne humeur!

La course

Ce raid organisé tous les 2 ans se déroule dans le parc du Mercantour. Autour de 650 coureurs inscrits se sont retrouvés samedi 4h00 du matin pour gambader sur les cailloux du parcours.

Distance : 102km
D+ : 6600
D- : 6600
Pour de plus amples informations voici le site officiel:
http://perso.orange.fr/apaches/Mercantour2007/index.htm


La préparation physique

Après un arrêt de quasi 3 mois (novembre à janvier), j'ai repris doucement en janvier pour finir en mai, au programme beaucoup de foncier et 6 sorties trails (entre 3H et 7H avec du dénivellé (de 1000 à 2500)).
Au final, j'attaque le Mercantour avec plus de 1800 km et quasi 22000 m D+ et D- dans les jambes.
Cà et là quelques scéances de VMA et de seuil pour maintenir la qualité.
Peu de périodes de récupération (hormis 3 jours de temps en temps) et j'ai testé le Régime Dissocié Scandinave la semaine précédent la course.


Le matériel

- NB 907 (> 800 km avant course)
- T-shirt respirant manche longue
- Short de plage
- Buff 6000D
- Camel Bak Raid Light
- 2 litres d'eau
- Une bouteille 66cl vide
- Noix de cajou (125g)
- 2 tranches de pain d'épices
- Biscuit petit déjeuner LU (miel et chocolat)
- Veste Raid Light
- Un coupe-vent
- Frontale Petzl MYO XP + 3 piles de rechange
- Bande de strap
- Couverture de survie
- Sifflet
- Polar S625X


22H30 - La veille

Arrivée à 22h30 à Saint-Martin de Vésubie, 3h pseudo-dodo à l'arrière de la voiture (même plan que l'année dernière pour Cromagnon, j'ai pris du repos dans la semaine).

02H00 - Le réveil, le packetage, "à la recherche du dossard" et l'attente du départ

Dès le réveil, je ne traine pas j'ingurgite 1 demi baguette avec du miel :) et des p'tits biscuits déjeuner.
Vers 2h30, je file pour aller chercher mon dossard ... petit problème le mec qui a les dossards n'est pas là, on me dit qu'il était crevé et qu'il dort dans une tente quelques part dans un camping. Aie :]

Bon finalement vers 3h20 j'ai mon dossard et j'ai réussi à aller aux toillettes!
Après un retour à la caisse, direction le départ et la vérification du matos ! Et je rencontre biscotte (ou quelqu'un) par pur hasard ! Nous palabrons tranquillement :) Je suis serein, mais moins euphorique que d'habitude.

04H00 (ou un peu plus) - Fire !

C'est parti dans les rues de Saint Martin de Vésubie!
Damned mon cardio ne veut pas marcher :/ Hmmmm tant pis, je ferais sans.
Côte à côte avec Biscotte nous arpentons le bitûme en discutant, la pente est douce et je ne me pose pas la question de faire des "pause-60s-marche", c'est plus pour me calmer mon ardeur que pour m'économiser physiquement.
25 minutes passent où Biscotte (ce quelqu'un) me laisse un peu avant que nous quittions la route pour nous embarquer dans l'ascension de la première difficulté.

1ère bosse - yen a qui devrait travailler le planté de baton !

Ya du monde mais ça ne bouchonne pas trop, je double de temps en temps, je remarque que je suis cerné de batons peu de monde sans (à vu d'oeil je dirais - de 10% n'ont pas de batons).
A 2 ou 3 reprises, j'ai faillit m'en prendre un dans la tête ou dans le torse... grrrmbl  c'est pénible !
La montée se fait sans problème, j'ai pas l'impression de me griller!

Ca descend sur des pistes bleues/rouges

Et c'est facile de s'emballer ! J'aime pas trop l'aspect station de ski mais au moins les chemins sont larges! Comme d'hab j'en double une paire lors des descentes, c'est bon signe :) ca fait plaisir :)

Et ça remonte pour de vrai !

En sortant du village de Valdebore, nous débutons l'ascension d'une belle et longue motte, la pente n'est pas trop exigeante et nous sommes encore fort regroupé. Cependant je ne gagne plus des masses de places, je décide donc de me caler et d'attendre le 1er ravito.

[2h26] - 1er ravito

15ème Kilomètre 1400D+, j'espérai y arriver en 2H30, et bien c'est chose faite ! Pour l'instant pas de coca, mais du pain, du paté et je refais le plein du camel (j'ai du boire un peu moins d'1 litre depuis le départ). Un arrêt court (2 min) et je repars vers la vraie difficulté de la montée! 

Un passage un peu monotone

Et oui jusqu'au deuxième ravito, le parcours descend bien et finit même sur une bonne section de goudron ! Nous sommes encore très regroupés.

[4h29] - 2ème ravito

Rien de spécial, un peu de coca quand même :) Et nous repartons sous le couvert des arbres du GR dans un décor très champêtre !

Ya pas à dire ça monte !

Mais ca passe! On a droit à de superbes paysages, j'me crois dans une cohorte de barbares traversant la montagne, génial ! Rien ne nous arrêtes même pas la barrières de sommet qui se profile à l'horizon !
Je me demande quand même où est le col des Fenestres!
Par contre il faut envoyer, la dernière partie de la montée est bourrée de
caillasse et assez pentue, je m'arrêterai une fois pour récupérer.

[6h56] - Descente vers la Madonne

Après une descente en courant, nous nous retrouvons au KM 42, là où se trouve la Madonne et son ravito (3e)!
J'y parviens au bout de 7H de course et je pointe entre la 85ème et 90ème place, ca reste un bon signe car on a pris pas mal de dénivelé et je sens que j'ai encore du fond, j'ai pas eu de coup de moins bien.
Aurélie m'attend en bas :) je prend un peu plus de temps pour me ravitailler (coca, pain/paté) et je refuse des pates (pas bien !!!!) remplissage du Camel et hop départ après 7 min d'arrêt.
Aurélie me dit que la partie qui arrive est très technique, j'en conclus à une montée exigeante, je pense donc pouvoir me rattraper en descente ... (hmmm)

Splendide !

Nous avons droit à une superbe chute d'eau, à des pierriers grisant (et gris) et à la faune locale (chamois, bouquetins)! Plus on avance plus la montée est technique, je maintiens mon allure, je grapille autant de place
que de gens me rattrape ! C'est bon, d'autant que pendant la phase finale (le pierrier) j'ai un coup de boost, bref je me sens bien !

Mais fallait pas forc... blurps !

Et oui, car comme je me sens bien et que le col est en vue (15 min à monter) je remet un p'tit coup au rythme, sauf qu'au bout de 5 min l'estomac me signale qu'il y a un truc qui passe pas la digestion!
Hmmmm, j'essaie de pas trop y préter attention et je ralentis un peu le rythme, je me dis que ca va passer... Tout en montant je continue à grignoter et à boire, sauf que ça me redonne une alerte dans la
minute qui suit ... Bon je tranche, j'arrête de boire et manger jusqu'au col, je me dis que je descenderai cool pour récupérer de cette envie de gerber. Je suis confiant, j'arrive au col (merci aux encouragements des bénévoles perchés à cet endroit !) et je n'ai plus eu d'envie de blurpser !

Hmmmm mais c'est quoi cette descente  :shock:  !!!!

Non pas que les cheminées ou les pierriers soient inconnus de mes parcours, mais je ne m'attendais pas du tout à enchainer sur ce genre de parcours ! Bon, quand il faut y aller !
Je descend doucement et un peu gauchement, j'ai l'impression de manquer de pratique ... La cheminée fait place à un pierrier où l'on devine un chemin grace aux concurrents de devant !
Hop un coup d'eau, et rebellote l'estomac est toujours en vrac ... hmmm je me dis merde, j'ai pas l'impression de récupérer dans la descente !

Allons y plus cool jusqu'au prochain ravito ! La solution c'est le coca !

Et oui, il faut bien se rattacher à quelques chose, nous poursuivons donc la course vers le 4ème ravito sans trop de heurs malgré une descente très caillassées mais dans ses parties moins pentues.
Je fais trop d'erreur de placement, dans ma tête je suis pas calme du tout et pourtant je sais que le plus dur est fait .... (50 km et 3800 D+), je sais qu'il y a une partie roulante au 2/3 et que la descente finale ne devrait pas trop me tuer.

[9h30] - 4ème Ravito !!
KM 50, 9H30 de course, pour moi c'est toujours jouable de faire moins de 20h, car j'arrive toujours à mettre moins de 2h30 entre chaque ravitos, par contre il faut que je résolve le problème de l'estomac ! Je resterai 10 minutes à ce ravito, m'abreuvant de coca, d'eau, de sucre et d'une soupe de nouilles.
Avec du recul, j'aurai du passer 20 min à ce ravito voir plus, pour manger le double voir plus, m'enfin ... Il est 13h30, je rencontre le gars qui s'occupe des lots au 100km de Millau (il m'interpèle en voyant mon T-Shirt Millau 2006), je lui dit que j'aime bien les T-Shirts, mais un
peu moins le jaune de 2005 ! Manque de bol, ils seront jaunes cette année ;) impulsivement je dis "merde", (mince j'ai pensé tout haut  :roll: ) j'essaye de me rattraper, mais bon ;)
Il me laissera en me disant que cette année il y aura un cadeau qui vaudra le coup ! Haha !!  :P

En route vers le refuge des merveilles ! Cailloux !!!

Il n'est qu'à 6 km, cependant la montée de 3.5 km compte presque 900 de D+. Je repars seul du 4ème ravito, après quelques minutes, j'aperçois des concurrents devant à 2 lacets et un derrière qui doit bien avoir 5 min de retard sur moi, mon objectif : ne pas me faire dépasser par le gars en rouge et ses batons (je prends des phrases un peu crues mais c'était mon état d'esprit à ce moment-là, d'ailleurs j'avais l'impression d'être ailleurs :roll: , je pensais qu'aux cailloux, comment les appréhender, la manière de poser le pied, lequel prendre pour s'économiser).
Le coca me donnera de l'énergie pendant la moitié de la montée, le reste je la ferai en ne pensant qu'à une chose ne pas me faire rattraper par le concurrent derrière, je vois aussi la première défaillance d'un concurrent...
Aucune lucidité sur la fin de la côte, je suis au taquet mais je lache pas (c'est pas pour ça que je vais vite) mais le gars me doublera pas.

Forcément faut payer ...

Et oui la descente n'est pas facile, mais beaucoup plus que la précendente, je suis cuit, je mange de moins en moins, mais ça tient encore la route (enfin je crois). Je rencontre un italien qui me dit qu'il a finit cromagnon en 14h l'année dernière, ha comme moi ! Copaing ! Il me dit qu'il pense boucler en 21 heures, ca me rassure à moitié ... nous ne serions qu'à mi-course alors :D, j'ai pas trop le moral ....


[11h24] - Le ravito du refuge des Merveilles
6ème Ravito, KM56 - 4600 D+, pointage à la 89ème, ouf pas mécontent d'y arriver (1h45 pour 6km, ca me va vue la difficulté), mais on nous avait averti le refuge n'est pas facilement accessible, donc pas de coca, ni de bouffe consistante ! Aie ! Aie ! En plus il fait gris  :( , j'ai peur qu'il pleuve.
Je goute à de la pate de fruit, je trouve ça super bon et ca passe facile  :lol: ! Allez hop j'en embarque une ! (pourquoi j'en ai pas pris 3-4, cono de cerveau ;) .... tout ce que j'ai sur moi ne passe plus).
Comme le soleil se cache, je repars au bout de 5min, pas envie d'être trop refroidi.

En route vers le Pas du diable
Environ 300 D+ à faire, j'alterne course et marche pour rester collé aux concurrents devant qui eux ne font "que" marcher (mais rapidement). Mais ça reste pénible, surtout qu'il y a 20 km à faire avant le prochain ravito, j'espère retrouver quelques subressaut
d'énergie dans la partie roulante...

Descente et alerte genoux droit + tendons releveur du pied droit
Bon là ça va pas  :? ... Pas moyen de faire la descente, j'ai mal (rien de très douloureux mais bon...) au genoux droit qui m'avait coupé de la cap pendant 3 mois à la fin de l'année dernière ... résultat je peux pas
faire la descente en avant (cad courrir en minimisant le contact avec le sol, ça permet de descendre rapide mais ça demande une vigilance accrue et parfois des gros coup de freinage couteux en énergie et en choc)
Et ya aussi le tendon releveur du pied droit qui me fait mal, ben l'autre moyen de descendre c'est avec les cuisses (en faisant la chaise pour ralentir), mais là le tendons me gêne ....
Grmbll  :evil: ... Tant pis j'essaierai d'oublier le releveur ...
La première partie de la descente est caillouteuse, dur de prendre un rythme, j'y vais cool, en marchant quand ça demande trop d'énergie d'eviter les blocs en courant. Puis nous arrivons dans une partie plane, qui me permet de courrir !
Je me sens beaucoup plus à l'aise en courrant qu'en marchant ! Comme si je consommais moins d'énergie à courrir ! Bon c'est pas la forme mais on vera bien, d'autant que le plat me permet de ne plus avoir mal au releveur.

Une descente qui aurait méritée de s'économiser auparavant !
Et oui quasiment finit la caillasse , l'herbe pousse de partout, ca descend mais c'est pas méchant ! Tant pis j'ai mal au tendon, mais je cours !
J'arriverais à courrir (en majorité) jusqu'à 5-6km du 6è ravito, mais j'ai grillé mes dernières cartouches, j'arrive de moins en moins à manger (boire ca va) et pour la lucidité, yen a autant que le moral ....

Moral à Zéro et probablement hypo
Et oui, même en état de décrépitude avancée, je pense encore aux gens qui pourraient me rattraper, je mettrai autour de 2h pour rallier le 6ème ravito  :cry:  :cry:  (et encore j'ai réussi à courrir en tentant de m'accrocher à d'autres).

[15h20] - Le ravito du relais des Merveilles
Bon, je suis cuit, je me traine en marchant, je pense à abandonner depuis 1 heure, mais le hic c'est que je ne peux pas prévenir Aurélie car les portables ne passent pas ... héhé ... Bon ben va falloir continuer ...
Je me repose et me restaure pendant 30min, certains se changent (moi pas, j'ai rien pris ...). J'ai les jambes qui se durcissent mais pas de vrai douleurs, le genoux ne dit plus rien, le releveur est pas en forme mais il est assez sage, bon faut juste redémarrer la machine. Je repars avec 2 autres courreurs avec qui ont a discutés. Ils sont plus frais que moi, mais ils marchent, alors tant que ca ne monte pas j'arrive à les suivre.

Monter, descendre et voir ...

Ca monte, j'avance à une allure qui me donne pas très envie, mais bon au moins ça avance ... et puis après 1h20 pour 800 D+, la descente s'amorce !
Pour les autres oui, pour moi, ca va pas, j'ai surtout plus envie, tout le monde "file" et moi j'me traine ! La nuit arrive, je sors la frontale et je me dis que j'arrête au prochain ravito, ca me saoule de pas avancer! Ca me gache même la course de nuit ... mouarf.
Tant bien que mal j'arriverai à ce fameux 7ème ravito, qui n'est autre que la Madonne du 42ème km.

[18h45] - Ravito de la Madonne - Hésitation et puis abandon
7ème Ravito, KM85 - 6000 D+, il reste autour de 17 km 600D+ et 1400D-, on me dit que je mettrais 3-4h pour le faire, mouais j'arrive mais j'en sais rien. Je me ravitaille en pate, coca etc ... et j'attends sur une marche d'escalier.
Dans ma tête j'me dis que j'vais mettre 7 heures pour faire ça  :shock: , que j'vais me blesser  :shock: et que ça me fait chier de mettre plus de 2h  :evil: dans une descente de 11 km ....
Je mettrais une heure à me décider ... mais je finirais par rendre mon dossard. Pas super triste car après tout j'avais déjà perdu depuis 4-5h et finir pour finir, ça pouvait me bouffer la seconde partie de mon entrainement pour l'UTMB. Et en même temps c'est  frustrant d'abandonner...


Final
Cette fois-ci pas d'ambiance de fin de course, je suis allé prendre un douche (pas très chaude à la piscine de Saint Martin de Vésubie) et on est allé directement dormir dans la voiture.

Conclusion
Un superbe parcours et très technique ! On le voyait au nombre de gens avec des batons ! (Esprit revanchard de Karbone : on peut interdire les batons ? :twisted: )
Même si je pense ne pas avoir été assez reposé pour ce trail, je suis assurément parti trop vite et peu écouter le corps quand ça allait pas .... mais bon j'y ait appris beaucoup de chose, tant au niveau de la
gestion de course, pour mon entrainement (je suis mauvais marcheur et courrir est parfois une solution qui me coute trop d'énergie dans des trails longs) et préparation mentale (ne pas se fixer un objectif horaire sans connaitre la course, surtout quand elle est longue).
Quant au RDS, je ne sais pas si ça à changé quelques chose ! Pas sur que je le refasse pour l'UTMB.

Les jours suivant
J'ai dormir près de 18h le dimanche ! Par contre des tiraillements d'estomac très désagréables et un peu de fièvre pendant 2 jours. J'ai pas eu trop mal aux jambes, lundi soir j'ai fait 30 km de VTT sur le plat, bref mardi plus de problème pour les escaliers ;)
Concernant le releveur du pied droit, je sens une petite gêne 1 semaine après, mais bon je me repose alors :)


PS : pas de photos sur ce CR, j'avais pris l'appareil mais j'avais pas envie d'en prendre, j'aurai du ! Ca m'aurait permis de calmer mon rythme !

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